De l'intérieur à l'oeuvre
Il arrive à Magritte d'emprunter ces "objets familiers" à son environnement immédiat et à son cadre de vie. Un examen attentif de la maison du peintre n'est donc pas indifférent. On s'y laisse surprendre, dans le salon, par une fenêtre à guillotine qui dévoile, dans une série de toiles, les faux-semblants du paysage (voir
"La condition humaine"); par la cheminée du même salon, d'où surgit la locomotive en marche dans
"La durée poignardée"; par ces portes vitrées qui, prosaïquement transposées par Magritte, nous ouvrent aux mystères de l'horizon dans
"Le monde invisible". Quant à l'escalier qui meuble, dans
"Irène" ou
"La lecture défendue", une pièce aveugle et sans issue, il conduit aujourd'hui à bien d'autres objets fétiches produits dans l'exposition permanente. Tel ce saxophone qui connut les flammes de
"La découverte du Feu", le fusil ensanglanté de
"Le survivant", les grelots, dont Magritte préférait "croire qu'ils poussaient comme des plantes dangereuses au bord des gouffres", ou encore un bilboquet dont les formes rappellent les grandes pièces de bois tourné qui dominent certaines de ses images. Ces objets, visibles dans le musée, composent les éléments de base d'une grammaire magrittienne.